PAROLES SAINTES ET DOCTRINES SCIENTIFIQUES

Quelles ont été les paroles du Bouddha ? Nous savons que ses discours, ses sermons, ses enseignements ont été immédiatement recueillis et transmis de mémoire. C'était à l'époque l'unique moyen pour pérenniser un texte, comme le furent, d'ailleurs, tous les textes et recueils anciens. Ce n'est qu'à l'époque du roi Ashoka Maurya (qui régna entre 274 et 232 avant J.-C.) que l'on procéda à un regroupement écrit de l'immense patrimoine littéraire bouddhique. Il est certain que celui qui voudrait connaître les textes canoniques bouddhiques (d'après les originaux ou d'après les traductions relativement fidèles qui en ont été faites) serait tout d'abord déconcerté : une qualité presque récurrente - exception faite de quelques livres qui proposent plutôt des aphorismes ou des quatrains est la répétitivité continuelle des phrases et des concepts qui laisse le lecteur ordinaire interdit, si ce n'est même agacé. Les phrases sont précisément répétées, parfois avec l'unique variante d'un ou deux termes à chaque alinéa, souvent sur une dizaine de pages. Ce style particulier est probablement dû au fait que les textes étaient psalmodiés rythmiquement tout au long de la nuit : une espèce de très long mantra hypnagogique.
En somme, nombre de ces textes, débarrassés des répétitions continuelles et allitératives, se réduiraient au maximum à leur dixième.
En tout état de cause, les textes du Bouddha parlent non seulement de l'enseignement de base et des instructions pour la "vie sainte du moine", mais aussi de science, de la constitution matérielle de l'Univers, avec des anticipations surprenantes des concepts premiers sur lesquels repose la valeur de la physique d'aujourd'hui. Nous lisons, par exemple, dans le Suttapitaka (sanskrit, Sürrapitaka), ces passages incroyablement actuels sur la matière et sur l'atome : "Tout est énergie ou manifestation d'énergie. Nulle énergie ne se perd. nulle énergie ne se crée... Tous les points de l'Univers sont mus par un courant continu : la plus infime parcelle de l'atome, les unités énergétiques des éléments, les systèmes planétaires... Les atomes se répètent et leur répétition sans fin crée les univers ; et l'Univers est une combinaison d'univers en miniature... L'Univers est une machine infinie composée de sphères immenses qui tournent en systèmes planétaires. Ces sphères sont constituées par des répétitions d'atomes : apparemment des sphères plus petites qui tournent au sein des atomes comme dans un système solaire, à une vitesse constante... Les particules constituées' par des charges électriques composent les atomes ; les atomes composent les matières ; les cellules composent les univers... Le principe qui meut les univers et les êtres est l'énergie, le phénomène physique le plus actif. L'énergie se déplace en vagues, de substance en substance. Rien ne peut se développer sans elle... Les éléments principaux sont des éléments qui se trouvent sur toutes les planètes. Ils sont quatre et au moins une partie d'entre eux se trouve toujours dans toutes les substances... La nature et la variété des substances sont déterminées par la quantité des particules d'éléments qui en constituent l'atome spécifique. L'agglomérat des atomes dans le vide constitue la matière... Il existe de grandes planètes et de petites planètes. Certaines sont plus grandes que la Terre, elles existent depuis bien plus longtemps et elle sont constituées de substances plus lourdes et qui ne sont plus soumises à un mouvement d'expansion... L'atome est une partie infinitésimale. Il contient nécessairement au moins une unité pour chacune des substances... II n'est pas besoin de diviser cette unité, mais si l'atonie était rompu, les unités se disperseraient selon un fractionnement ordonné. L'unité ainsi isolée se chargerait d'énergie en raison de sa fuite fulgurante, en se multipliant à une vitesse fantastique et en développant une force terrible dotée de 176 470 000 000-de rotations au millionième de seconde. Les unités se dispersent depuis les niasses dans tout l'Univers en créant un flux constant d'énergie... Quand l'atome est subdivisé dans les quatre parties qui le composent, les unités énergétiques divisées de l'atome deviennent chacune une force d'action... Outre les forces de charge composant l'atome, il en existe de plus subtiles, constituant les unités (le l'esprit qui sont des potentiels d'énergie et de mouvement."Il peut paraître extraordinaire que le Bouddha ait parlé d'atome et de scission nucléaire il y a 2 500 ans. Mais ce n'est pas tout. Il a également dit : "II existe un non-né, non-devenu, non-fait, non-composé ; et si cela n'existait pas, il n'y aurait pas de possibilité d'échapper à ce qui est né, devenu, fait, compose “ . Par la même loi de l'Univers en équilibre, ce qui est dans ce monde correspond à ce qui n'est pas dans un antimonde : le Bouddha est parvenu à pressentir l'existence de l'antimatière, théorie qui n'a été que récemment avancée par la physique occidentale et qui, actuellement en phase de développement, est considérée comme très importante pour les études scientifiques qui en dériveront. Cette théorie, empiriquement religieuse mais scientifique en substance, fut suivie par d'autres, éclairées par la physique d'aujourd'hui bien plus que ne l'ont fait les lourds commentaires des siècles passés : "De même qu'un chariot n'existe pas en lui-même - dit le Bouddha - mais est composé de divers éléments, ainsi rien n'existe en soi et par soi, mais tout est en rapport : l'Univers entier est en corrélation". Cette "théorie de la relativité" embrasse tout. l'âme elle-même est soumise à un changement continuel d'états. Notre connaissance subjective est soumise à ce que, de façon imprécise, perçoivent les sens ; le salut dépend de la voie que chacun de nous peut se tracer seul : "Comme un singe en fuite dans la forêt saisit une branche puis la lâche immédiatement après pour en saisir une autre, et puis en attrape encore une autre, ainsi ce que vous appelez esprit, pensée, connaissance se forme et se dissout continuellement." Et encore : "Celui qui saisit la dépendance causale saisit la vérité... et celui qui a compris, juge le sable et l'or de valeur égale. Le ciel et la paume de sa main sont, à ses yeux, identiques."

Extrait du livre Bouddha l'Eveillé ( Gabriele Mandel Khân)